En mai 2018, le réceptacle en or du cœur d’Anne de Bretagne était volé. L’occasion de revenir sur une pratique, désormais abolie, des rois et reines de France. Car, à l’époque, le cœur du souverain était séparé du reste de son corps. Pourquoi une telle pratique ?  

A l’origine de ce rite funéraire

Depuis le règne de Dagobert (629-239), les corps des souverains français étaient systématiquement déposés à l’abbaye de Saint-Denis. A partir de Philippe III le Hardi (1342-1404), l’inhumation devint « multiple » : le corps des souverains continu à être déposé à Saint-Denis, mais leur cœur, lui, est prélevé. Le souverain, avant son trépas, pouvait choisir où celui-ci reposerait.
Dans le cas du cœur d’Anne de Bretagne, le choix fût fait pour la chapelle des Carmes, près du tombeau de François II de Bretagne.

Le rituel funéraire des souverains français

Dans les heures qui suivaient la mort du souverain, on réalisait l’effigie vivante, c’est-à-dire un mannequin de cire à l’effigie du défunt. En parallèle, le corps du souverain était autopsié puis embaumé. L’embaumement était essentiel puisqu’elle permettait l’hommage des sujets au roi. En effet, la dépouille était exposée afin que les sujets puissent rendre hommage à leur souverain. L’embaumement permettait à la fois de maintenir l’aspect du corps mais également de limiter la production d’odeurs. On retirait ainsi les viscère, le cœur et le cerveau, que l’on remplaçait par du « baumes ».

La spécificité du cœur du souverain

Le cœur, retiré du corps, était trempé dans de l’esprit de vin ou de la térébenthine, puis séché à l’aide de plantes aromatiques. Déposé ensuite dans un réceptacle, il était conduit à son lieu de repos.
Pourquoi ce traitement spécial pour le cœur ? Tout simplement car le cœur avait une place prépondérante dans la société chrétienne. Il était considéré comme l’élément le plus important du corps humain, lieu de piété et de foi.

Aujourd’hui, la plupart des réceptacles des cœurs des souverains ont disparu. A la Révolution Française, ils furent profanés et détruits. Il n’en reste aujourd’hui plus que quelques uns, dont celui d’Anne de Bretagne.

Source : www.aleteia.org